Crise de recrutement dans la construction: 

Seulement 11 % des employeurs osent receuter des talents immigrants qualifiés, autochtone ou femme

Le dernier sondage de la Commission de la construction du Québec (CCQ) révèle que 58 % des employeurs de la construction éprouvent des difficultés de recrutement, en hausse par rapport à l’automne dernier. Plus alarmant encore : les trois plus grands obstacles cités par les entreprises sont la compétence de la main-d’œuvre (55 %), la qualité de la main-d’œuvre (55 %) et la difficulté à embaucher (45 %).

POURTANT, seulement 11 % des employeurs disent avoir déjà recruté dans les bassins de talents sous-représentés, immigrants qualifiés, femmes, autochtones.

« C’est le monde à l’envers », dénonce Élodie Postel, présidente de SOS Archis. « Depuis des années, nous recevons des centaines de témoignages de professionnels compétents, formés, diplômés, qui finissent par conduire des taxis, servir des cafés ou travailler dans des entrepôts, faute de reconnaissance. Pendant ce temps, des entreprises forment “sur le tas” des travailleurs inexpérimentés. »

Des histoires bien réelles derrière les chiffres

Derrière chaque statistique de la CCQ, il y a un visage.

Ce technicien sénégalais arrivé avec 15 ans d’expérience, recalé parce qu’il n’avait pas « l’expérience québécoise », et qui s’est retrouvé à faire des quarts de nuit dans une usine alimentaire.
Cette architecte formée en Amérique latine, contrainte de repartir à zéro comme commis, alors que ses compétences auraient permis de livrer des projets structurants. Ces femmes ingénieures qui peinent encore à se faire une place sur les chantiers, malgré leur expertise.

« Nous avons des talents prêts, mais trop souvent ignorés. Ce sont ces histoires humaines, ces parcours brisés, qui nourrissent notre combat quotidien », explique Mme Postel.

Un paradoxe coûteux pour l’industrie

Les employeurs disent souffrir de la faible compétence de la main-d’œuvre, mais ils choisissent malgré tout de former sur le tas des travailleurs inexpérimentés. Une stratégie temporaire qui affaiblit la qualité des projets, ralentit la productivité et gonfle les coûts à long terme.

Pendant ce temps, des ingénieurs, architectes, techniciens et ouvriers compétents restent sur la touche, faute d’ouverture et de reconnaissance.

Des solutions concrètes et humaines

Pour SOS Archis, la pénurie actuelle découle moins d’un manque réel de main-d’œuvre que d’un manque de vision.

Les pistes proposées :

Arrêter de recruter toujours dans le même cercle restreint (les candidats qui ont déjà « l’expérience québécoise » ou qui ressemblent au profil « classique » du secteur), et intégrer volontairement dans le processus de recrutement des personnes qui sont souvent mises de côté, même si elles ont toutes les compétences nécessaires.

Concrètement, ça veut dire :

1. Changer les critères d’embauche

  • Remplacer la fameuse barrière de « l’expérience québécoise » par une vraie évaluation des compétences et du potentiel.
  • Adapter les descriptions de poste pour qu’elles ne soient pas rédigées de manière excluante (par ex. exiger 10 ans d’expérience locale alors que 15 ans à l’international existent déjà).

2. Adapter les processus de sélection

  • Moderniser les ATS (logiciels de tri de CV) qui filtrent automatiquement certains profils à cause de la formation ou du pays d’origine.
  • Former les recruteurs et gestionnaires à reconnaître les compétences transférables et à limiter les biais inconscients (sexe, origine, accent, etc.).

3. Aller chercher activement ces talents

  • Créer des partenariats avec des organismes d’employabilité qui accompagnent les femmes, les immigrants et les autochtones.
  • Organiser des cohortes de recrutement ciblées dans ces bassins.
  • Valoriser ces profils dans les campagnes de recrutement.

4. Faciliter l’intégration et la rétention

  • Offrir du mentorat et de l’accompagnement culturel (pour les immigrants).
  • Mettre en place des mesures de conciliation travail-famille (pour attirer davantage de femmes).
  • Reconnaître et respecter la réalité des communautés autochtones (flexibilité, lien avec le territoire, valeurs).
  • Accélérer la reconnaissance des compétences avec du mentorat, de la formation ciblée et des parcours d’intégration sur mesure.
  • Mettre en place des programmes de constitution dans toutes les régions, en partenariat avec des organisations d’employabilité, afin de connecter les talents aux besoins locaux et sectoriels.
  • Lancer un appel ouvert à tous les immigrants résidents permanents, aux femmes à qui on dit non, et aux autochtones que l’on rejette : leurs compétences sont un levier essentiel pour la construction du Québec.
  • Obliger intelligemment les entreprises à tester ces effectifs et former les gestionnaires RH à recruter pour performer, en modernisant leurs outils (mise à jour des ATS, évaluation objective des compétences).
  • Considérer le recrutement inclusif comme un levier stratégique et humain : chaque intégration réussie est une carrière sauvée et un projet livré avec qualité.
  • Déployer des brigades volantes multisectorielles pour offrir une solution temporaire mais qualifiée, tout en bâtissant une main-d’œuvre stable et durable.
  • Repenser le dogme de « l’expérience québécoise », qui continue de priver les entreprises d’experts prêts à performer et éduquer sur ces questions.

« Derrière chaque refus injustifié, il y a une carrière brisée… mais aussi une entreprise qui cherche encore son candidat et qui perd de l’argent tous les jours à cause de cela. Notre rôle, c’est de bâtir le pont entre les deux », conclut Mme Postel.


À propos de SOS Archis

SOS Archis est une firme de recrutement et de formation spécialisée dans les domaines de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction. Depuis 2018, Active au Québec et à l’international, l’entreprise s’engage à changer le monde, un recrutement à la fois, en mettant en relation les meilleurs talents et les employeurs visionnaires.

 

Contact média :
Élodie Postel
Présidente – SOS Archis
📧 info@sosarchis.com | ☎ 514-XXX-XXXX

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